Façonner sa vie comme un artisan...

Il y a des trajectoires qui avancent droit, comme tirées au cordeau.

 Et puis, il y a celles qui se dessinent autrement. À main levée, dans l’imperfection, dans le doute, souvent, dans l’élan, toujours.

Je n’ai jamais pensé ma vie comme un plan de carrière. Je l’ai pensée — et vécue — comme un geste. Comme une succession de gestes, en fait.

Tantôt maladroits, tantôt affirmés. Mais toujours habités.

Créer une entreprise à 15 ans.

Entrer à l’Élysée à 20.

Animer des émissions télévisées à 23. 

Prendre la parole, former, écrire, transmettre — sans case à cocher, sans grille toute faite.

Il y a eu des bifurcations ! Des hauts. Des creux. Des silences. Des mauvaises rencontres, et d'autres qui changent une vie, une trajectoire. 

Mais avec le recul, je crois que ce qui relie tout cela… ce n’est pas un fil rouge. C’est une manière d’être au monde : celle de l’artisan. L’artisan n’a pas d’agenda tout tracé.

 Il entre dans son atelier avec ce qu’il est, avec ce qu’il a. Il touche la matière. Il écoute ce qu’elle raconte. Il corrige, il recommence. Il affine. Il doute, aussi. Beaucoup. Mais il avance.

Et il finit, un jour, par reconnaître dans l’objet quelque chose de lui. Quelque chose qu’il n’avait pas su dire autrement.

J’ai compris cela tardivement.

Que la vie n’était pas un parcours à justifier, mais une œuvre en train de naître, façonnée par les gestes répétés, les décisions minuscules, les intuitions têtues. Ce que je transmets aujourd’hui aux jeunes que je rencontre, aux dirigeants avec qui j'échange sur mes événements ou en conférences, ce n’est pas du tout une méthode.

 C’est une conviction... 

 👉 On n'a pas besoin d’aller vite.

 👉 On a besoin de faire juste.

 À notre rythme. Avec notre matière. Avec notre manière.

Et surtout : avec soin ! 

Parce qu’on ne façonne pas une œuvre en courant. On la façonne en y mettant tout ce qu’on est... 

C'était l'objet de l'une de mes dernières conférences. Aborder ce thème, particulièrement actuel, a été pour moi un vrai plaisir. Et voir qu'il raisonnait autant auprès du public encore plus...